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Publié le 3 avril par Loris
Bonjour Anne-So, qui es-tu et que fais-tu ?
Bonjour, je suis une styliste de 25 ans. Depuis que je suis petite je veux faire ce métier, je n’ai jamais hésité et j’ai toujours été passionnée. J’ai obtenu une licence styliste modéliste dans une école de mode avant de me lancer en Freelance depuis 4 ans maintenant. Je bosse pour Wasted Paris en tant que designer, j’ai aussi travaillé avec le styliste de 6ix9ine en design et à coté de ça, je fais aussi des clips où j’habille les rappeurs. Le travail de styliste, c’est énormément de boulot en amont du clip. C’est à dire que quand j’arrive sur le jour du tournage, tout est prêt, j’ai déjà fait 80% de mon travail. Je ramène toujours quelques vêtements en plus, au cas où il y ai un changement de plan ou quelque chose qui ne va finalement pas sur la tenue, mais en général, tout est prêt à l’avance !
As-tu des influences ou des modèles qui t’ont donné envie de faire ce métier?
Oui forcément, mais c’est venu plus tard, après mon adolescence. Avant, c’était vraiment parce que j’aimais trop les vêtements, je regardais les magazines de mode, je ne pensais qu’à ça ! Mais j’ai plus été influencé par une époque que par quelqu’un en particulier. Les années 90, j’aime trop cette époque et je puise mon inspiration dans les tenues d’il y a 30 ans maintenant. Vous pouvez regarder dans les clips que j’ai stylisé, il y a toujours une pièce ou deux qui datent de cette période, c’est important pour moi.
Quel a été le tournant qui a vraiment fait démarrer ta carrière ?
En fait, je venais juste de terminer l’école quand ma grande expérience est arrivée. Je n’en avais jamais fait mais les clips m’intéressaient beaucoup. Je voulais allier le monde du rap à ma passion. J’ai donc contacté un styliste en lui disant que j’étais passionné, que je voulais faire du clip tout en lui montrant que je désirais faire ça pour l’expérience, pas pour l’argent. J’ai ensuite passé un entretien de 4 heures avec lui où ilm’a posé beaucoup de questions sur mes influences, mes motivations, les marques que j’aime et les magazines à suivre. Il m’a tout de suite placée avec lui sur le clip « Elle est bonne sa mère » de Vegedream et Ninho. Quand j’ai appris ça, je n’y croyais pas. Y’a pire comme première expérience non ? (Rires) Depuis, j’ai enchainé les clips avec plusieurs rappeurs et quelques chanteuses.
Pourquoi avoir allié ton univers à celui du rap ?
Depuis toujours, j’aime trop le streetwear, j’aime trop les baskets. À une époque, j’allais camper devant les entrées des magasins pour les nouvelles sorties de chaussures. Puis l’autre facette qui me définit, c’est l’aspect luxe et le rapport aux grandes marques. Tout ça se ressens comment je m’habille, par exemple, je vais avoir un sac Prada tout en restant habillée en full Nike. On retrouve dans le rap la façon dont je vois le stylisme. C’est à dire que les rappeurs vont montrer leur univers sombre, de la rue avec des marques plus « streetwear » comme Nike. Mais à côté de ça, ils aiment toujours avoir une pièce d’une marque de luxe comme des chaussures, une casquette ou un hoodie. C’est ce mélange que j’aime montrer dans les clips, j’allie street et luxe !
Comment tu définirais la journée type d’une styliste ?
Ohhh, fatigante ! (Rires) Sans mentir, il n’y a aucune journée qui se ressemble, il n’y a pas de journée type. Par exemple, je vais être prévenue qu’il y a un clip dans 4 jours. Les directeurs de l’organisation du clip vont m’envoyer les scènes que le clip va comporter et mon boulot va être de trouver une tenue pour chaque scène. Je les propose ensuite à l’artiste jusqu’a ce qu’il les valide à son tour. Pour cela, je contacte des marques, je vais voir des « showrooms » et ensuite vient le jour du clip, où là, j’habille l’artiste. C’est très varié, je peux pas vous dire dans trois jours ce que je vais faire, c’est au tac-o-tac ! Après, j’aimerai bien créer mes propres pièces mais je n’ai vraiment pas le temps avec les clips.
Quel est ton univers de travail ?
Je bosse de chez moi pour les clips, sur mon ordi, je cherche, je fouine et je ne m’arrête jamais. Chez moi c’est le bordel ! Entre mes vêtements et ceux des tournages, je me perds. (Rires)
À qui appartiennent toutes ces pièces de luxe que l’on peut voir dans les clips ?
Ça dépend des pièces. Les chaussures sont souvent des locations. Mais on a aussi accès à des showroom en tant que styliste et on peut y emprunter des vêtements qu’on doit ensuite rendre. De temps en temps, les artistes peuvent acheter des pièces et il arrive qu’ils viennent directement avec leur propre garde robe, cela dépend vraiment des clips. Par exemple, dans Jefe, Ninho a un manteau de luxe qui coûte assez cher et je suis allée avec lui faire les magasins, il l’a vraiment payé ! (Rires)
Tu m’as parlé des photos presse, ça consiste en quoi ?
C’est très simple, c’est un shooting d’un artiste à un moment où il va sortir un album, un projet ou même un son. Ça lui permet d’envoyer des photos aux médias pour qu’ils puissent ensuite faire des promos de son futur projet. Ça sert aussi à l’artiste pour alimenter ses réseaux sociaux ou pour faire des convers d’album. Par exemple, pour Maes, on avait fait le shooting pour des photos presse, pour ses réseaux sociaux mais aussi pour les covers recto et verso de son album le même jour.
Penses-tu que ton métier est assez mis en lumière ? Quelle parole nouvelle aimerais-tu apporter pour avoir plus de reconnaissance ?
Non, on n’est pas assez mis en lumière, c’est énormément de travail, de prise de tête et de temps passé à chercher les pièces parfaites. Après, on a quand même une très belle reconnaissance de la part des artistes, ça se passe toujours bien et ils oublient jamais de le souligner. Par contre, c’est vrai qu’aux yeux du grand public, on a peu de retours. Les gens regardent les clips dans leur ensemble et ne pensent pas forcément au monde qui travaille derrière. Il y a énormément de personne dans la création d’un clip. Les photographes, les caméramans, les réalisateurs et nous, les stylistes, on est pleins à bosser. Après ça ne me dérange pas, moi, j’aime bien ce statut, je suis une travailleuse de l’ombre. Je lis beaucoup les commentaires sous les clips quand ils sortent et de plus en plus, les gens s’intéressent à la mode. C’est aussi important de le souligner, de plus en plus, je vois les commentaires sur mes tenues, je le prends un peu pour moi-même s’ils ne savent pas qui je suis. Si j’avais un mot à leur faire passer, continuez à mettre des commentaires ! (Rires)
Quel est le look dont tu es la plus fière ?
Franchement, je ne peux pas le dire ( rires ), ce n’est pas encore sorti, mais j’ai eu une très bonne alchimie avec un rappeur, il a voulu un style différent de ce qu’on voit habituellement, quelque chose de plus « fashion » et ça fait plaisir. Vous inquiétez pas, ça sort bientôt. Sinon avant ça, j’étais très contente des looks de Ninho sur Jefe. Il y a un changement d’ambiance dans ses tenues et je trouvais que ça lui correspondait bien, d’ailleurs, le clip a bien plu aux fans.
En parlant de Ninho, c’est quoi le look parfait du « Jefe » du rap français ?
Ahah, vous me prenez de court là ! Je dirais un jean droit, assez simple et qui passe avec tout. Aux pieds, une petite paire de basket Dior ou Prada et pourquoi pas un hoodie en haut, ça lui correspond bien. Ninho, il aime bien le côté street associé au luxe, un peu comme moi, je partirais sur ça du coup.
As-tu déjà perdu tes moyens face à un artiste ?
Perdu mes moyens non ! Mais Booba était impressionnant ! En plus, avant le tournage, je me disais « je vais faire un clip de Booba », je n’étais pas bien. (Rires) Mais une fois que je l’ai vu, il est vraiment détendu et il met tout le monde à l’aise. Après, c’est vrai qu’il est grand, il a beaucoup de charisme et il en impose. (Rires) La chose qui m’a marqué, c’est qu’il est ultra respectueux envers son staff. Puis franchement, Booba a une très bonne culture mode, j’ai parlé avec lui et on s’est bien entendus, il sait ce qu’il dit et ça se voit.
Et tu l’habillerais comment B2O ?
C’est un peu comme Ninho, lui, c’est la street, mais la street raffinée, je le verrais bien avec une chemise imprimée en haut. Tout ça avec un jean décontracté et une paire de Puma aux pieds. En plus, il bosse avec Puma donc c’est top !
Avec quels artistes as-tu déjà collaboré ?
Comme j’ai dit, j’ai commencé avec Ninho et Vegedream. Et j’ai ensuite enchaîné. Je peux tous les citer, il y a eu Green Montana, Alkpote, Mister V, Capitaine Roshi, Booba, Moha K, Don milli, Landy, Maes, Bilton, le L2B Gang. J’ai aussi bossé avec Digga D, un drilleur londonien.
Y’a t’il des artistes avec qui tu aimerais collaborer ?
À la base, je voulais trop bosser avec Maes, car il dégage quelque chose de fort. Mais du coup, maintenant que je l’ai fait, je dirais Nekfeu, ça pourrait être très cool et ça changerait un peu d’ambiance, il a un style différent des autres rappeurs.
As-tu des anecdotes de tournage à nous raconter ?
Oui, c’était sur le clip de Bilton, du 92i. On était sur une scène dans la rue avec une voiture de type Cadillac. Et pour que ça soit plus joli à l’écran, on a mis du gaffer sur les plaques d’immatriculation de la voiture. Sauf que quelques minutes, plus tard, la police est intervenue pour dissimulation de plaque. Ils nous ont embarqué le rappeur parce qu’il était au volant de la voiture. Comme une star, ils l’ont escorté dans la Cadillac même, jusqu’au commissariat et il a pu revenir seulement trois heures plus tard. Au début, nous n’avons pas rigolé, mais maintenant, c’est assez drôle en y repensant.
Sinon, j’ai une autre anecdote d’un clip. La semaine dernière, on a commencé à tourner à 9 heures du matin et le tournage a duré pendant 22 heures jusqu’à 7 heures le lendemain, c’était très physique.
Mais durant un tournage aussi éprouvant, que fais-tu ?
Comme je l’ai dit plus tôt, c’est beaucoup de travail en amont. Mais une fois que je suis sur le tournage, je dois tout vérifier. Ça commence par habiller l’artiste, faire en sorte qu’il/elle se sente bien dans sa tenue, contrôler qu’il n’y ai pas des objets dans les poches, je repasse tous les vêtements pour éviter les plis et je leur change les tenues entre les plans. Il faut aussi visionner le rendu à l’écran, car une tenue qui rend bien à l’œil ne vas pas forcément avoir la même composition à la caméra. En fait, c’est plein de boulot et il faut que ce soit carré du début à la fin !
Tu as stylisé le clip « Jefe » de Ninho, c’était comment d’être à Los Angeles avec lui ?
Je suis restée une semaine là-bas avec eux. C’est hyper compliqué de réserver des studios à Los Angeles donc on a pu le faire seulement pendant la semaine. J’étais tout le temps avec Ninho et avec ses potes. Ils étaient très gentils, très accueillants et bienveillants. Ça aurait pu être compliqué parce que j’étais la seule fille, mais au final, ils étaient très respectueux, rien à dire, c’était une belle expérience. Puis Ninho, c’est un bon gars, il est très humble, discret et c’est facile de vivre à ses côtés.
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