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Crédit photo : DR Jazzy Bazz

Jazzy Bazz, un parcours sans faute

« Ton visage n’est pas joli à voir. Pour toi, le port de la burqa devrait être obligatoire. » C’est par cette phase aussi drôle que violente que j’ai découvert Jazzy Bazz, lors de sa deuxième édition de Rap Contenders en 2011, l’opposant à Pand’Or.

Qui aurait cru, parmi la foule, parmi les juges, parmi tous ces MC’s réunis que cette figure charismatique des premiers Rap Contenders deviendrait au fil des années, une figure emblématique du rap français?

Le jeune Jazzy Bazz

De son vrai nom Ivan Bruno-Arbiser, né en 1989 dans le 19ème arrondissement de Paris, Jazzy Bazz a grandi dès son plus jeune âge dans un monde bercé par la musique. Son père, saxophoniste, l’initie très vite à la musique jazz. Il commence à écouter du rap très tôt, francophone comme anglophone. En France, Les Sages Poètes de la Rue, IAM ou NTM font partie de son répertoire, avec Slum Village ou Boot Camp Clik concernant les inspirations outre-atlantique.

Au-delà du rap, Jazzy Bazz voue une réelle passion pour le football et le Paris Saint Germain, une passion qui l’amènera à faire partie des ultras du club tout au long de son adolescence. C’est vers ses 17 ans qu’il décide de s’investir sérieusement dans le rap.

Ses débuts en groupe, Cool Co' et l'Entourage

Avec Esso Luxueux, un ami de longue date lui aussi rappeur, il forme son premier groupe nommé Cool Connexion. De ce duo naîtront quelques titres, dont le fameux “Homme de l’Est” qui aborde les origines des deux amis.

Durant cette même période, le collectif “Grande Ville” voit le jour. Il rassemble le duo et d’autres artistes du même département afin de s’entraider dans les différents processus de création musicale, allant de l’écriture à la production afin d’éviter les maisons de disques. 

Enfin, quelques années après, Jazzy Bazz rejoint un autre collectif de rappeurs bien connu aujourd’hui, “L’Entourage”. Le groupe s’est formé grâce à diverses rencontres lors d’open-mics, via des connaissances ou encore via MySpace. On y retrouve Alpha Wann, Nekfeu, Deen Burbigo, et l’Entourage participe à faire connaître Jazzy Bazz auprès du public.

Les Rap Contenders et le début de l’ascension

Quoiqu’on en pense, les Rap Contenders ont mis sur le devant de la scène (au sens figuré comme littéral) certains artistes toujours actifs aujourd’hui. Alpha Wann, Guizmo, Nekfeu et son très fameux claquement de mains, Dinos et évidemment Jazzy Bazz

Pour ceux qui ne connaitraient pas, les RC’s opposent deux personnes qui doivent mutuellement se clasher à tour de rôle, le tout pendant 3 rounds. A l’issue de ces rounds, des juges attribuent la victoire à l’un des deux participants.

Jazzy Bazz a participé trois fois, contre Pand’Or, Gaiden et Wojtek, lors de son tout premier clash (Wojtek qui est d’ailleurs le participant le plus titré de cette compétition). Et lors de ces trois battles, Jazzy Bazz repartira trois fois victorieux. Il est le seul à l’heure actuelle à être ressorti la tête haute face à Wojtek. Depuis ce temps, un nouveau surnom ressort souvent à son égard, celui de “génie”.

Suite à ça, Jazzy Bazz met à disposition gratuitement en téléchargement son tout premier projet, intitulé “Sur la route du 3.14” en juillet 2012. Téléchargé plus de 50.000 fois, le projet cartonne pour l’époque et les critiques sont tout aussi bonnes. De ce projet ressortira principalement le morceau “64 Mesures de Spleen”, un titre considéré comme un classique de sa discographie aujourd’hui.

Les premiers albums du Jazzy Bazz

Des battles qui déchirent et un premier projet plus que qualitatif pour un rappeur indépendant, il n’en faudrait pas plus pour motiver n’importe quel artiste à travailler davantage.

Pourtant, Jazzy Bazz disparaîtra pendant 4 ans, sans sortir aucun son ni projet. On le retrouvera parfois sur des featurings ou des projets collectifs, comme celui de l’EntourageJeunes Entrepreneurs” mais plus de signaux sur le radar.

Et puis un 26 juin, dans la nuit à 3h33, Jazzy Bazz revient avec un son clippé, “3h33” d’une durée de 3 minutes 33. Le retour est amorcé et annonce un nouvel album presque imminent. Quelques mois après, en février 2016, P-Town sort et contribue à hisser Jazzy Bazz parmi les grands rappeurs de notre génération. Un album technique dans lequel le rappeur du 19ème  évoque son amour pour sa ville de naissance, Paris. Panam est à l’honneur dans plusieurs sons, notamment “Ultra Parisien” et “Fluctuat Nec Mergitur”, mais le rappeur évoque la ville et tous ses souvenirs liés tout au long de l’album. Le projet plaît et est salué par les amateurs de rap “à l’ancienne” comme ceux de la nouvelle école, qui retrouvent des sonorités boom bap remises au goût du jour.

Jazzy Bazz revient deux ans après P-Town. En 2016, on le découvre dans le clip “El Presidente”, présenté alors comme une sorte de gourou sectaire. Deux mois après, on découvre un Jazzy Bazz qui semble être épris d’une certaine Leticia. Pour ces deux premiers sons dévoilés avant la sortie de l’album, on remarque une chose : le Jazzy Bazz semble avoir expérimenté de nouvelles musicalités. Enfin, l’album sort. Il s’intitule “Nuit”, c’est un bijou de toplines tantôt mélodiques, tantôt kickées.

Dans ce deuxième album, Ivan semble plus introspectif, et il accorde beaucoup plus d’attention à l’amour, à la nostalgie, avec des prods enivrantes et envoûtantes. Deuxième album et deuxième belle réussite pour le “génie” du 19ème.

Memoria, jamais deux sans trois?

C’était il y a quelques jours, Jazzy Bazz dévoilait son troisième album solo, nommé “Memoria” un nom d’album en partie trouvé grâce à sa femme. 

Memoria” c’est un condensé des influences de Jazzy Bazz développées et poussées dans leurs retranchements. L’album est composé de prods jazz, parfois drill ou encore électroniques. Le point fort de l’album? Des featurings extrêmement bien amenés. On a l’impression que Jazzy Bazz se concentre sur les couplets kickés et techniques, et qu’ils laissent le loisir aux invités d’exceller sur les mélodies et les refrains. Les univers se mélangent à merveille et les connexions s’établissent bien. On retrouve donc Nekfeu, Josman, Robdbloc, Alpha Wann ou Edge. D’ailleurs, c’est son propre père qui est présent au saxophone sur le featuring avec Laylow, .RAW Spleen!

Concernant les thèmes abordés, Jazzy Bazz se questionne et nous questionne sur le temps passé, qui passe et à venir. Il aborde des sujets délicats comme la mort sans tomber dans le cliché et le fatalisme. Il rend d’ailleurs hommage à son ami décédé Népal, dans le morceau “Coeur, Conscience”, avec une référence au titre “Babylone”. 

Memoria” c’est une démonstration de sagesse, de mélodie et de kickage, le tout grâce au travail qu’il fournit depuis des années et à un art qu’il ne cesse de forger à son effigie.  

Memoria”, c’est l’album de la maturité d’un génie acharné, qui vient une nouvelle fois démontrer qu’il mérite amplement sa place parmi les Grands du Rap Français.

LeStiev

LeStiev

Rédacteur chez Secteurap

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