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Crédit photo : Zamdane, Cover
Publié le 25 février par Yohan
Cela fait quelques années maintenant qu’un rappeur marocain se fait remarquer sur la scène française du rap. Son nom ? Zamdane. Et vous n’êtes pas près d’en avoir fini avec lui ! Après avoir peaufiné sa plume mélancolique sur plusieurs projets, le rappeur marseillais sort son premier album : « Les couleurs de ma peine » dans lequel Soso Maness, Jazzy Bazz et Dinos y sont invités.
Zamdane est un rappeur marseillais, mais revenons quelques années en arrière. Ayoub Zaidane a 17 ans, et pour suivre ses études de commerce, il se voit obligé de quitter le Maroc. « J’ai foiré mon bac, aucun lycée de Marrakech ne voulait me prendre tellement j’avais foutu le zbel partout et j’ai eu une réponse positive d’un établissement à Istres, donc je suis parti pour le sud de la France direct » a-t-il expliqué à ce sujet au micro du média The Back Packerz. C’est donc dans le petit village d’Istres que Zamdane atterrit. Il y rencontrera son meilleur ami, Bliss, qui lui fera découvrir le rap. « (Il ) a été le premier gars qui a rappé un seize devant moi. Je me suis pris le truc direct et depuis, je n’ai jamais décroché ». Au fur et à mesure, il rejoindra le collectif Shinobi Squad et commencera à écrire des textes et sortir des clips, dont un, qui l’a fait connaître aux yeux du grand public : Favaro.
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Une semaine avant la sortie de son album, Zamdane appelle à la mobilisation pour l’association SOS Méditerranée. Une association venant en aide aux migrants perdus en mer. Mais ces sauvetages ont un coût : 14 000 euros pour une virée en mer. Alors une cagnotte a été créée, prête à recevoir des dons. Le rappeur a donc organisé plusieurs évènements pour récolter un maximum de dons : par exemple, le mercredi 23 février dernier, une vente aux enchères fut organisée, mettant en vente des toiles d’Alia Alves Lahnaoui, connaissance du rappeur.
Ce vendredi, Zamdane a sorti son premier album « Les couleurs de ma peine ». Dans ce projet, l’artiste nous livre toutes ces pensées, en nous faisant passer par toutes les émotions.
L’album s’ouvre sur le titre « Tout ce qu’il voulait », un morceau dans lequel il parle de la vie d’un jeune immigré qui veut réussir dans sa vie, tout en pansant ses plaies. Un texte poignant qui nous laisse croire que c’est une histoire inventée de toute pièce. Mais vient la fin du morceau, le refrain habituel « tout ce qu’il voulait c’était changer sa vie », se change en : « tout ce que je voulais, c’était changer ma vie ». La claque est mise, et le livre s’ouvre.
Tous les morceaux sont imprégnés du flow du rappeur, pas d’égotrip, ses textes en arabe ajoute une dimension plus chantée au morceau. On sent le lourd passé que traîne Zamdane derrière lui, parmi les sujets les plus évoqués, on retrouve le deuil, notamment celui de sa sœur, la solitude ou encore la violence dans laquelle il a grandi, dans « Boyka », en feat avec Dinos, le rappeur marseillais rappe « Viens dans ma tête, il ya des images de flaques de sang, des draps qui recouvrent des visages ». Mais l’artiste se livre aussi sur sa nouvelle vie, celle de personnalité publique, dans l’excellent « Stradivarius », véritable coup de poing sur la table, qui vient casser l’ambiance de l’album avec une instru plus rapide, et un violon qui ajoute cet effet de gravité aux textes incisifs de Zamdane. Et puis quelques titres plus tard, il s’adresse à « son Dieu », lui demandant aide et conseil, « mon Dieu apprends moi comment faire la joie ».
Des morceaux marquants, il y en a plein, car tous sont prenant émotionnellement parlant. Mais un se démarque des autres, de par sa construction, mais surtout de son sujet. Tout au long de l’album, Zamdane évoque le décès de sa sœur, dans « incomplet comme février » par exemple : « je voudrais oublier le décès de ma sœur ». Mais dans le dernier son, l’outro de l’album, « Vide quand t’es pas là », ne pas avoir la boule au ventre lors de l’écoute, cela reviendrait à dire qu’on a pas de coeur. Tout y est, la voix féminine qui organise une sorte de discussion avec son frère, le texte, dans lequel il lui adresse la parole implicitement, et dans les dernières lignes, il prononce son prénom : « Aïcha », et n’importe qui sent l’émotion le submerger tellement le mixage et les jeux de voix son fort, s’en suit un message qui prend les tripes sur la vie, qu’elle est « courte, très courte » et que la confiance en soi est très importante. L’album se finit brutalement avec les reniflements d’Ayoub Zaidane.